Pourquoi nous avons signé la pétition contre l’application du décret instituant le fichier Edvige

Publié le par Maurice MEUNIER

Récemment, François Bayrou a remis en avant la dangerosité du fichier Edvige en s’adressant à tous les maires et élus locaux de France. D’autres partis, organisations politiques ou organisations non gouvernementales avaient déjà tiré la sonnette d’alarme. Dans son édition du 7 septembre 2008, le quotidien Le Monde publie un article au titre inquiétant : « Fichier Edvige : les points inquiétants pour les libertés ».
 
A ce jour, ont déjà été déposées plus de « 110 000 signatures électroniques contre le fichage " systématique et généralisé, dès l'âge de 13 ans, des délinquants hypothétiques et des militants syndicaux, politiques, associatifs et religieux " ».

Dans cet article, on apprend que « Selon le ministère, l'essentiel des règles fixées en 1991 a été maintenu. Afin d'"informer le gouvernement et les représentants de l'Etat", les services de renseignement pourront ainsi continuer à ficher les personnalités politiques, économiques et syndicales et les simples militants : comme en 1991, toutes les personnes ayant " sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ", ainsi que tous ceux qui, plus modestement, " jouent un rôle " politique, économique, social ou religieux significatif pourront figurer dans Edvige. Le parallèle s'arrête cependant là : avec Edvige, le ministère de l'intérieur étend le champ du renseignement. »

En effet, le champ des personnes concernées par le fichage augmente. Toutes les personnes "susceptibles de troubler l'ordre public" pourront désormais être fichées par Edvige. La réglementation de 1991 ne mentionnait que celles qui avaient recours à la violence ou qui lui apportaient un "soutien actif". L'âge minimum requis pour le fichage de ces "futurs délinquants hypothétiques", comme les appelle la Ligue des droits de l'homme, a changé : alors que le fichier de 1991 ne recensait que les majeurs, celui de 2008 pourra s'intéresser aux jeunes dès l'âge de 13 ans.

Il faut encore savoir que la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) : dans une délibération du 16 juin, a demandé au gouvernement d'"encadrer" cette collecte et de la limiter dans le temps. "Le droit de changer, le droit à l'oubli doit être assuré pour tous, y compris pour les citoyens de demain", insistait-elle en juillet.

Mais ce n’est pas tout : l’auteur de l’article (Anne Chemin) rappelle que « les données fichées par Edvige sont plus nombreuses. Le fichier des RG de 1991 permettait déjà de collecter des données " sensibles " comme les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, et l'appartenance syndicale. Edvige y ajoute la santé et la vie sexuelle. " Nous ne pourrons ficher la maladie ou l'homosexualité de quelqu'un que si elle est en rapport avec sa vie publique, affirme M. Gachet. Il sera interdit, par exemple, de mentionner la vie sexuelle d'un élu qui n'évoque jamais publiquement son homosexualité. Il sera en revanche possible de rédiger une fiche sur le responsable d'un mouvement qui défend les droits des homosexuels ou sur une association de malades qui participe à des intrusions violentes dans les préfectures. " Le décret interdit en outre de sortir une liste de personnes à partir des données sensibles. »

Même si la CNIL a obtenu que les données concernant l'orientation sexuelle et la santé soient enregistrées de "manière exceptionnelle", cette limite n’est pas suffisamment garantie.

Publié dans Edvige

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Moi non plus, je n'ai rien à ne me reprocher. La question est qui juge qui, et par rapport à quoi ? De mon point de vue, "je n'ai rien fait de mal" - D'autres ont prononcé ces paroles dans notre histoire récente et celle du monde, et encore actuellement, et pourtant ils ont été torturés, tués, exterminés ou emprisonnés. Ceux qui peuvent encore s'exprimer diront qu'il défendent même le droit de tout un chacun à l'expression, à la liberté d'aller et venir, à tout ce qui est fondamental à un être humain. Les critères du "je n'ai rien à me reprocher" ne sont pas toujours les mêmes que ceux du "on a quelque chose à vous reprocher" et c'est là que cela pose problème. Le risque réside dans le qui a autorité pour définir le "rien" et sous quel contrôle est cette autorité. On a besoin de principes de liberté qui garantissent à tout un chacun ce qu'on appelle les droits fondamentaux contre "les lois d'exception".
Répondre
V
Cécile personnellement me sentir fiché ne me gêne pas, je n'ai rien à me reprocher...
Répondre
G
Pourquoi devrait-on être fichés alors que l'on n'a rien fait, mais seulement parce que l'on pourrait faire quelque chose de nuisible à l'ordre public, serait-on tous et toutes des délinguant(e)s en puissance ? syndicalistes, lycéens, bénévoles d'associations, membres d'un parti politique...? y a-t-il encore quelqu'un pour protéger le citoyen des dérives sécuritaires et protéger le droit à l'expression, au rassemblement, à la manifestation, à l'association ? (la constitution ? la déclaration des droits de l'homme ?...)<br /> Cécile
Répondre
V
110 000 signatures sur 60 millions de français? Encore un bel exemple de démocratie... Pourquoi un tel rassemblement contre EDVIGE? Le fichage est il un danger quand on a rien à se reprocher? Personnellement je pense que le danger vient plus de la délinquance et des récidivistes que d'un fichier informatique...
Répondre
M
<br /> Réponse : Victor a raison : il faut réduire l’insécurité qui touche le plus fortement les personnes fragiles car elles n’ont pas les moyens de la protection, de vivre là où la<br /> sécurité est la mieux établie….. Le renseignement est un moyen utile. Mais il y a fichage et fichage. On peut s’interroger sur l’utilité de ce fichier en vue de réduire la délinquance… participer à<br /> une manifestation à 14 ans pour défendre ses conditions de travail dans un collège fait-il de vous un délinquant en puissance ? S’engager dans une association caritative menace-t-il les droits<br /> d’autrui ? Exercer ses droits fait-il de vous un délinquant ? Etc….<br /> <br /> Ce fichier va bien au-delà de cet objectif de sécurité et accumule des renseignements qui ne concernent que l’individu dans sa vie privée et sur des droits publics établis par la constitution de la<br /> Ve République.<br /> <br /> Bien sûr, on peut se dire que si l’on n’a rien à se reprocher, pourquoi s’ériger contre ce fichier Edvige ? Le problème est que l’on ne sait jamais entre quelles mains ce type de renseignement<br /> peut tomber. Si l’on n’a rien à se reprocher, celui qui peut être amené à utiliser le fichier, lui, aura peut-être de noires intentions. La démocratie est toujours une entreprise fragile. On sait<br /> comment certains régimes ou polices ont utilisé les renseignements.<br /> <br /> Enfin, faut-il écouter 110 000 – 150 000 pétitionnaires sur une population totale de plus de 60 millions, ne serait-ce pas antidémocratique ? Là encore, la majorité silencieuse n’a<br /> pas toujours raison : l’histoire est marquée de pages sombres où des personnes « éclairées », peu nombreuses, n’ont pas réussi à faire prendre conscience des dangers à venir ;<br /> leur petit nombre leur donnait-il tort ? Aujourd’hui on peut répondre que non, ils étaient dans le juste !<br /> <br /> <br />